"Vis comme si tu devais mourir demain, fais ce que tu dois faire comme si tu devais vivre éternellement.
Les mondes dits modernes ont oublié cette sagesse.
Aujourd’hui nous vivons comme si nous ne devions jamais mourir et nous agissons comme si nous allions disparaître dans l’instant.
Si nous vivions dans la réalité de notre impermanence, nous nous attacherions à ce qui est vraiment important. Nous nous efforcerions d’entrer en conscience de nous même et de l’autre.
Nous serions dans la quête de l’instant, et de fait, au cœur de la vie.
Au cœur de l’instant, le monde nous dévoile son sens, et dans ce dévoilement, devient le miroir par lequel et en lequel notre visage nous est dévoilé, ici et maintenant. Cette entrée en connaissance de ce que nous sommes, provoque toujours un voyage intérieur menant de « notre » monde, « au monde », menant de « moi » à « Je ». Non sous l’effet d’une culpabilité ou d’un jugement de nous-même, mais par la grâce d’une saveur particulière d’un moi que nous découvrons comme ce qui nous sépare de ce que nous cherchons depuis toujours : vivre, aimer, être.
Alors nous apprenons à faire chaque chose dans l’éternité de l’instant, sans hâte ni paresse, sans rien à obtenir. Notre vie se déroule dans la vision des réactions qui surgissent en nous face aux situations que nous rencontrons, et au cœur de cette vision naît une tentative nouvelle : devenir réponse à ce qui est, au lieu de tenter mécaniquement et sans le voir, d’imposer notre monde à ce qui est.
Cela devient la pratique sur le chemin, car en tentant de devenir réponse nous entrons, de fait, dans la dissolution du « moi ». Nous sommes alors sans intention autre que de tenter de faire vraiment ce qui est à faire, comme le jardinier simplement présent et attentif à la terre dont il prend soin.
Aujourd’hui, la terre est exploitée avec comme seul but le fruit qu’on va lui extorquer, et chacun vit ainsi : « dans le seul but d’avoir, dans le seul but du fruit ». Et dans cette obnubilation de l’avoir, non seulement nous produisons notre propre souffrance et celle de l’autre, mais nous oublions le sens de notre venue sur terre, le sens d’une vie. Obnubilé, nous ne sommes ni présent, ni conscient, simple jouet de nos pensées conditionnées, de nos croyances conditionnées, de nos appartenances conditionnées, de nos émotions conditionnées, de notre identité formatée et aliénée.
La quête spirituelle concerne toujours la dissolution d’un moi formaté et devenu connu.
La quête spirituelle mène toujours de « moi » uniquement réactif, à « Je » uniquement réponse.
La vie mécanique et obnubilée ne permet pas la connaissance et condamne à la prédation.
Quand cette vie obnubilée devient trop douloureuse la conscience se retourne, le regard suit, peu à peu l’œil s’ouvre et voit, l’oreille entend. Alors l’incarnation, à travers ses désirs et ses peurs, son égoïsme et son besoin de l’au-delà de l’égoïsme, devient lieu de la connaissance, le lieu du dévoilement de la formation de la conscience identifiée « je suis moi », de ses fruits, et finalement le lieu du dévoilement de la nature de l’esprit, conscience originelle « Je », sans aucun contenu, ni vouloir, ni attente, juste le « Je Suis » de Yahvé à Moïse . Mais cela ne peut être vu avant d’être vécu ; ici la pensée n’est d’aucun secours.
Quand le « voir » apparaît et remplace le « penser », l’être est béni."
« Vous n’avez pas besoin
d’aspirer à un nouvel état d’être.
Débarrassez-vous de vos
pensées actuelles, c’est tout.»
Ramana Maharshi
François Malespine
https://lartdefrancoismalespine.wordpress.com/2018/12/22/dun-jour-a-lautre-357-noel/