«Fondamentalement, la réalisation de l’illumination apporte avec elle la soudaine compréhension qu’il n’y a personne ni rien à illuminer. L’illumination est, tout simplement.
Elle ne peut être possédée, pas plus qu’elle ne peut être atteinte ou gagnée comme une sorte de trophée.
Tout et toute chose est unicité, et tout ce que nous faisons en essayant de la trouver se met en travers de sa survenue.
Ceux qui se déclarent être illuminés, ou le laissent croire, n’ont simplement pas réalisé la nature paradoxale de l’illumination et présument posséder un état qu’ils imaginent avoir obtenu.
Il est vraisemblable qu’ils ont eu une profonde expérience personnelle d’une certaine sorte, mais cela n’a absolument rien à voir avec l’illumination.
En conséquence, ils restent encore enfermés dans leurs propres concepts individualistes, fondés sur leurs propres systèmes de croyances particuliers.
Ces gens ont souvent besoin de prendre un rôle d’“enseignants spirituels” ou de “maîtres illuminés” et attirent inévitablement ceux qui éprouvent le besoin d’être étudiants ou disciples. Leur enseignement, encore enraciné dans le dualisme, encourage inévitablement une distance entre l’“enseignant” et ceux qui se trouvent amenés à suivre l’enseignement. (…)
Ceux qui ont complètement compris et embrassé l’illumination n’on rien à vendre. Quand ils partagent leur compréhension, ils n’ont aucun besoin de s’embellir eux-mêmes, ni ce qu’ils partagent. Pas plus qu’ils n’éprouvent d’intérêt à tenir le rôle de mères, de pères, ou d’enseignants.
Ce qui est “à part” engendre l’exclusion, alors que la liberté se partage au travers de l’amitié.”
Tony Parsons, Ce qui est, Trad. de l’anglais, Ed. Accarias L’Originel, 2002, p. 32-34
"Il y a souvent la peur de mourir quand on dit que le petit "moi" disparaît, alors que c'est ainsi que l'infinité apparaît. Cette omniprésence est comme cachée par cette idée d'un "moi" séparé, mais on ne la voit pas, on ne la vit pas, tout aveuglé et obstrué par cette focalisation d'un "moi". On se raccroche à cette illusion personnelle de peur de ne plus exister "normalement" alors que c'est là que la vie s'exprime dans sa plus belle perfection, dans sa plus grande beauté et dans une tranquillité joyeuse. Quel bonheur dans cette absence ! quel repos ! quelle paix délicieuse...
Toutes nos souffrances, tous nos tourments, toutes nos peurs viennent de cette crispation sur l'idée d'être une personne et on met toute son énergie pour transformer cette personne afin qu'elle soit "illuminée" ... Quelle farce ! C'est dans son absence que la joie demeure, là se trouve la délivrance. C'est dans la réalisation de cet effacement du "moi" que la splendeur omniprésente se révèle et se déploie dans son éblouissante sérénité.
... Une promenade dans la chaleur de l'été, retournement instantané : il n'y a pas de "moi", il y a l'espace immense baigné de la franche lumière du soleil qui se déverse à flot d'un ciel uniformément bleu, intensément bleu. il y a le chemin qui défile en ce vide libéré de "moi", une allée bordée d'arbres croulant de feuilles toutes vernissées de multiples nuances de verts, le bruissement d'un vent léger venant décoiffer cette chevelure végétale. Il y a tous ces bosquets de fleurs comme illuminés de l'intérieur, éclatantes de couleurs, il y a des oiseaux qui traversent ce ciel ouvert à l'infini débarrassé de toute idée personnel qui viendrait l'ombrer de son fatras. Il y a le crissement aiguë des grillons tentant de se rafraichir de l'écrasante température de Juillet, il y a des senteurs d'herbes fraîchement coupées mêlées de fragrances de menthe et d'aubépine qui passent en volutes transparentes au travers de l' immensité sans personne pour interférer. Tout cela habite l'absence de "moi". Il y a tout le grouillement de la Vie-Une dans sa plus merveilleuse manifestation... Un enchantement, sans délimitation.
Tout cela est ce que nous sommes en vérité. Unité. Le déploiement de l'Un dans sa plus merveilleuse pluralité, sans jamais être séparé...
Se produit alors la danse sublime de toute cette vie verte, bleue, brune, or, violette et rose-orangé... vibrante de félicité, tournoyant gracieusement dans ce Silence éternel.
Dans ce vide de "moi", il y a tout ce qui est.
Je suis à la fois le parfum de la nature et la rudesse épicée et râpeuse des écorces des arbres, la légèreté d'un vol d'oiseaux, le souffle léger caressant la nature, la souplesse et la fragilité du brin d'herbe et le bruit des insectes bourdonnant sur les fleurs délicates dont la beauté coloré et rieuse s'offre à l'aveuglante lumière du jour, éclairant tout le chemin et le chemin qui se déroule en l'espace que je suis.. sans un "moi" pour l'obstruer !
Quand il n'y a pas de "moi" il y a toute la vie dans sa plus merveilleuse manifestation. Sans question. Sans retenue.
Quand il n'y a plus cette crispation du moi tout devient d'une fluidité amoureuse et pétillante, libre de tout encombrement, de toute interrogation, de toute recherche, de toute attente, de toute définition personnelle.
Libre.
Comment faire cela ? Se laisser défaire par la vie qui vient s'ouvrir à l'infini dans son chant amoureux.
Se perdre de vue, et voir : tout cela est l'éternité.
Juste LA VIE telle quelle est.
Et cela vous l'êtes à jamais."
Domiji
http://lavieestleplusgranddesguru.over-blog.com/
"Ici, nul besoin de progrès spirituel
ni de contemplation,
ni d'habileté de discours,
ni d'enquêtes,
nul besoin de méditer,
ni de se concentrer,
ni de s'exercer aux prières marmonnées.
Quelle est, dis-moi, la Réalité ultime absolument certaine ?
Écoute ceci :
ne prends ni ne laisse et, tel que tu es, jouis heureusement de tout"
"Stances sur l'Incomparable" d' Abhinavagupta (Poète indien du Cachemire - fin Xe - XIe siècle)
Vous imposez des limites à votre véritable nature d'être infini, puis vous vous désolez de n'être qu'une créature limitée, ensuite vous mettez en œuvre des pratiques spirituelles pour transcender ces limites inexistantes. Mais si votre pratique même implique l'existence de ces limites, comment pourraient-elles vous permettre de les transcender ?
Ramana