«Au commencement était mon cancer ... un lymphome qui a fleuri dans ma poitrine, un peu comme le nénuphar de Chloé dans l'Écume des jours, germant et prospérant dans tous mes ganglions lymphatiques. Des "tu-meurs" multiples et d'une croissance exponentielle, il ne me restait que 6 mois à vivre si je n'étais pas traitée.
Or ce cancer que l'on m'a présenté comme un ennemi à combattre, je l'ai immédiatement adopté, et j'ai entrepris de l'apprivoiser, refusant que mon corps devienne un champ de bataille.
Parle-moi mon cancer, qu'as-tu à me dire que je n'ai pas su entendre et que tu exprimes de façon aussi tonitruante, à ta façon, sous forme de cellules proliférantes ?
Je m'arrête, je t'écoute, promis je ne bougerai pas, je ne fuirai pas, je suis à toi.
Parle moi.
Et peu à peu, loin de la violence des hôpitaux où je me rendais pour recevoir la chimiothérapie, dans la solitude et le recueillement, devant un feu de cheminée que je ravivais inlassablement, je suis descendue à l'intérieur de moi-même, à l'écart du monde qui isole les malades, et la conversation silencieuse a commencé. J'ai rencontré mes cellules d'abord, chacune à sa tâche se détournant furtivement vers moi pour me saluer, puis l'énergie qui les relie toutes, la cause première, le principe qui les anime, je me suis unie à ce principe avant de remonter la chaîne subtile qui mène à la conscience.
La conscience d'être je l'ai trouvée au plus intime de mon corps, grâce à la maladie qui a été mon guide, mon inspiration, j'ai suivi en confiance son invitation à dépasser la peur conditionnée qu'elle inspire, j'ai refusé les injonctions à combattre et j'ai suivi le chemin inverse qui m'était proposé :
l'abandon calme et confiant.
Une grande paix m'y attendait.
J'ai guéri.»
Léa Heurtefeu
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