"Je peux Te voir en chaque mouvement de vie, dans chaque dégradé de vert de l'herbe tendre aux plantes grasses, dans l'immensité azurée du ciel moutonné de blanc et dans les cerises rouges qui, à chaque printemps, viennent danser dans les arbres généreux.
Je peux Te sentir en chaque parfum, que ce soit celui un peu lourd de la terre mouillée de pluie, ou la fragrance divine émanant d'une rose ou d'un mimosa... Mais aussi dans l'âcreté d'un corps en souffrance.
Je peux Te toucher de mon cœur ouvert en chaque vibration de Ta vie. Corps ou objet, émotion ou pensée, tout peut avoir une tonalité palpable. Comme quand le rire ou les larmes des autres me touchent, douleur fulgurante ou frémissement de joie traversant mon âme.
Je peux être expansée jusqu'aux étoiles, les frôlant du bout de ma vie pour en ramener l'éclat lumineux dans mon regard.
Je peux Te goûter dans l'abondance de ta création, fruits de la terre-mère qui s'offrent pour nourrir nos corps dans une variété de formes, de saveur, de consistance, de couleur qui renouvelle chaque jour mon émerveillement, ma gratitude... et mon appétit !
Je peux entendre Ton chant d'amour en chaque mélodie émise sur les ondes, comme Ton murmure tendre en mon cœur me rappelant à Toi. Je T'entends piailler à travers les oiseaux qui célèbrent le printemps, exubérance de la vie. Je T'entends ruisseler d'amour dans la course de la rivière qui épouse la vallée, je T'entends mugir de plaisir dans les vagues de la mer qui viennent mourir sur le sable scintillant de nacre. Et dans le bruit de la ville, je Te reconnais encore dans Ta fureur à exister.
Puis, je peux rétracter tous mes sens et m'oublier en TOI, retournement jubilatoire en l'essence de l'Être d'où tout émane, où tout se meurt. Extase des amants retrouvés engloutis de bonheur, disparition délicieuse en l'Océan de Paix. Silence. Silence d'éternité...
"Mais pourquoi ?"
La question me bouscule, me harcèle, me pique, m'agace comme une douleur lancinante qu'aucun remède ne peut soulager.
Ce "Pourquoi ?" pèse des tonnes. Il me densifie, il me sépare, il me divise, il me crucifie....
"Mais Pourquoi ?"
Pourquoi tout ce jeu ? Pourquoi toutes ces pestes qui ravagent le monde et toutes ces naissances qui le repeuplent de la fraîcheur de l'innocence? Pourquoi cette ronde sans fin d'amour et de haine, de guerre et de paix, de perte et de retrouvaille? Pourquoi te sépares-tu pour mieux t'aimer ? Pourquoi tout le poids du désir, du pouvoir, du vouloir, l'opacité des peurs, des joies trop fortes aussi. Pourquoi tous ces cœurs brisés de trop d'amour, ou ces cœurs desséchés de manque d'amour ? Pourquoi ces pourquoi qui hantent l'esprit ? pourquoi ses questions sans fin, alors que je vois que ce monde à la fois merveilleux et cauchemardesque n'existe pas sans le mental ? Alors que je vis tout comme le déferlement de ton Amour ?
Pourquoi Te rêves-tu ainsi ? Il n'y a que Toi.Tous ces êtres sont Toi. Tous ces Univers sont Toi. Tu n'en finis plus de te mettre en scène, de te filmer et de te regarder jouer tous les rôles, du plus terrifiant au plus comique, du plus anodin au plus saint.Tu es à la fois la maladie qui ravage le corps et le remède qui le guérit. Tu es la passion et le détachement.Tu es toutes les ombres poisseuses emprisonnant l'âme et toute la Lumière radieuse libérant la légèreté de l'Être.
Mais pourquoi ? Je ne sais pas !
Oh, Il n'y a pas de doute sur "Cela qui est". Les quelques simples aperçus de l'Insondable Mystère ont eu la puissance et la bonté de pulvériser nombre de croyances qui me maintenaient en esclavage. Nous sommes vécues ainsi par la vie. Une fois que la Source de tout Amour est trouvée on s'y désaltère avec volupté, et le rêve d'individualité s'estompe dans l'émergence de la splendeur du SOI.
Mais pourquoi ? Je ne sais pas !
Et de ce sourire silencieux qui s'étire à l'infini je crois T'entendre me répondre :
" Pourquoi pas ?"
Domiji
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