"JE PASSERAI.
Tu es celui que rien n'affecte.
La pire des maladies est d'ignorer l'Âme.
L'ignorance du Réel est pour l'esprit une fièvre
plus dangereuse qu'une fièvre quarte pour le corps.
mais à cette fièvre, il y a un remède; et ce remède
est à la portée et aux mains de tous, c'est la
connaissance de soi, la vision de l'être.
Ce remède qui le procure est la concentration
silencieuse au dedans.
-Si ce remède
est si simple, comment se fait-il que si peu
l'utilisent?
- Regarde les enfants, quand ils
sont malades,leurs mères leur préparent la tisane
convenable et la leur donnent à boire. seulement
ce n'est point du goût des enfants.Ils se débattent,
ferment la bouche ou crachent la potion.Ainsi des
ignorants qui refusent la sagesse.
La sagesse, le vrai savoir n'entreront jamais dans
une âme contre son gré. Il faut les vouloir et les
vouloir d'un désir sans partage.Tu apprends un jour
qu'il y a de l'autre coté de la rivière un Saint
homme dont chacun dit des merveilles. A tout prix,
tu veux le voir.
Tu te mets en route. Voici la rivière. On ne peux
la passer à gué. Sur la rive,se présente un passeur
avec son bateau.Tu lui demandes de t'emmener sur
l'autre rive.
-D'accord te dit-il mais pour commencer jette ton
ballot. Je ne passe que les hommes, pas leurs
affaires.
Je ne peux pas, j'ai dedans ma nourriture pour la
route, ma couverture pour la nuit, mes livres.
Après tout, mon ballot n'est pas si lourd! passe
moi tel que je suis. Je te paierai en conséquence.
-A ton gré, répond le passeur c'est à prendre ou
à laisser. Sans ballot je te passe. Avec ton ballot
je te laisse ici. Lequel veux-tu des deux?
La libération ou bien tes vielles hardes.
Alors le sac tombé, on passe et on a la révélation
du Soi."
- Père Henri Le Saux / Swâmi Abhiktânanda.