Si l'on n'est rien, on peut être tout
"Le premier rôle que nous jouons est celui d'être humain. Notre nature foncière n'est pas d'être un être humain ; elle est la conscience.
Au sein du rôle d'être humain que nous jouons existent des subdivisions. Tu parlais du rôle d'époux, de père ou de mère, d'individu exerçant un métier. Si nous nous identifions à l'homme, à la femme, à l'être humain, cette identification va se prolonger dans chacun des rôles que nous jouons. II en résulte une compartimentation de notre vie. Nous prenons souvent trop au sérieux chacun des rôles que la vie nous attribue. Cela entraîne une forme de rigidité, et de souffrance. Par exemple, cela nous empêche d'être l'ami de nos enfants puisque nous sommes le responsable, celui qui veille que l’on ne s'écarte pas du droit chemin, prêt à endosser le rôle du punisseur. La tradition du théâtre de l'Inde, le Katakali, est considérée comme une voie vers l'éveil spirituel. Le parfait acteur est celui qui s'est dépouillé de son identification première, celle à l'être humain. Ne s'identifiant à rien, il est libre de s'identifier à tout. Si je ne suis identifié à rien, je deviens infiniment flexible et cette flexibilité me permet, lorsque la situation l'exige, de passer instantanément du rôle d'ami à celui de père. Dans les circonstances de la vie, se souvenir que nous sommes la conscience universelle et rien d'autre génère cette flexibilité.
En même temps je l'oublie tout le temps...
Le seul fait de s'en occuper est déjà la voie vers la solution. J'ai pu constater moi-même l'apparition de cette flexibilité dans mes relations avec les autres. Si l'on n'est rien, on peut être tout. Il faut être rien de sorte que nous puissions être tout. Dans cette fluidité, nous occupons tout l'espace qui nous est offert mais sans l'encombrer, comme le ferait un gaz dans une pièce."
Francis Lucille
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