"Quand une relation prend fin, quand une situation se termine, oser le vide.
Rester avec ce trou béant, cet espace vertigineux créé par l'absence, s'y maintenir sans se précipiter sur une nouvelle activité, un autre guru, une nouvelle histoire d'amour . Même lorsqu'on vient d'achever un livre qu'on a lu ou qu'on a écrit. Ne pas se jeter sur un suivant et encore un autre. Sentir l'espace qui vient d'être rendu libre et s'y laisser ensoleiller.
Quand le mental a reçu un tel choc qu'il n'arrive plus à aligner trois pensées, laisser résonner le silence à travers cette fracture.
Quand le cœur se trouve déchiré de souffrance, laisser ouverte la plaie par laquelle viendra s'infiltrer la lumière et la douceur de l'Amour parfait.
Essayer d'éviter ce remplissage systématique pour qu'il n'y ait aucun temps de silence, aucune solitude, essayer cet instant où le mental ne peut plus s'agripper à rien en demeurant pleinement dans cette ouverture.
Là se trouve le passage vers l'incommensurable.
C'est comme ôter un gant en le déroulant sur lui-même, du fini étroit, serré, délimité on se retrouve être la vastitude...
Oui, bien sûr, la peur viendra, la peur de l'anéantissement. Elle viendra se coller au ventre et remontera jusque dans la gorge en essayant de créer une panique. C'est là que la plupart d'entre nous faisons marche arrière et nous nous précipitons pour nous remplir d'une autre activité, un autre projet, une nouvelle relation, un autre guru, une nouvelle religion, une autre idéologie, une nouvelle façon de se nourrir et le corps et l'esprit, une autre histoire, un autre film.Tout et n'importe quoi pourvu qu'on se gave et qu'on se détourne de ce silence.
Écouter tout ce bruit que nous faisons pour ne pas L'entendre.
Tout est bon pour ne pas rester dans cette béance qui vient par trop gommer notre personnalité.
Swami (Saï Baba) m'avait expliqué dans un rêve que vraiment très peu pouvait traverser ce vide. C'est trop vertigineux et impersonnel. Alors on repart en arrière pour le combler d'une forme à adorer et à servir, d'une activité "rédemptrice", ou créatrice, ou plus bêtement faire du remplissage. Et c'est ainsi, mais c'est tant pis car même si souvent se trouve ici de belles inspirations et de beaux actes plein de générosité, il y a aussi beaucoup de temps perdu et de gaspillage. On continue à passer à côté de l'essentiel.
Si on veut aller au bout de soi-même il faudra se maintenir dans ce rien faire, rien être, dans ce trou immensément ouvert sur l'absolu qui nous absorbera alors dans sa plénitude et nous comblera de son éternelle Présence.
Regarder comme tout nous distrait de nous même, c'est à dire de notre état naturel, de notre ciel, de notre transparence infiniment paisible.
Regarder comme on a peur de se regarder en face en se laissant hypnotiser par tout un tas d'activité, même de service, mais aussi d'actualité et autres mensonges de ce monde parasité par la folie de l'information déformée qui engendre un égrégore d'insécurité.
Posons-nous la question:
là à l'instant où est ce monde de guerre et de découverte ?
N'est-il pas aussi virtuel que toutes ces relations créer par internet?
Là, maintenant, il n'y a rien d'autre que vous avec vous-même et dans cet instant ou tout s'abolit Cela vous embrasse d'un amour indicible.
Ce que vous êtes réellement est cet embrassement qui par son feu joyeux vient brûler tout le rêve de la séparation.
Devenir un imbécile heureux n'est pas vraiment à la mode aujourd'hui où tout nous incite à tout savoir sur tout nous encombrant ainsi de tout un fratras de renseignements qui n'a plus grand chose à voir avec la connaissance. Pourtant cette innocence fraiche et juvénile est dotée de toute la sagesse de l'Etre. C'est une intuition fine et légère qui ne s'appesantit sur rien et enveloppe tout instantanément.
Encore faut-il cesser de suivre ce mental jacassant sur tout et accueillir 'ce qui est' en ouvrant grand son cœur en se laissant tomber dans les bras de L'aimé.
Encore faut-il oser le vide, avoir le courage de se vider de tout désir autre que celui de la vraie Vie, du Vivant en Soi.
Oser demeurer dans ce rien pour se vivre enfin comme le Tout."
Domiji
article publié le 27 Novembre 2016
http://lavieestleplusgranddesguru.over-blog.com/