"Le mystique est le plus ignorant des hommes : il sait qu'il n'y a personne, qu'il n'y a personne à l'intérieur de lui ou autour de lui. Et il sait que le reste est à peu près inconnaissable.
Quand le soi s'effondre, il y a alors plus de détente. Un maître dzogchen a écrit un livre dans lequel il dit en introduction : la détente est la clef pour découvrir sa nature de bouddha.
J'aurai aimé avoir dit cela.
Le bouddha l'a résumé ainsi : il y action mais pas d'acteur.
C'est tout ce dont on parle.
Il s'agit de voir directement que le soi n'existe pas.
C'est simple, c'est direct;
pas de passé, pas de futur; pas d'histoire ;
il y a simplement Cela.
Le soi est bon pour faire tout foirer; il se met en chemin de la vie; quand cela a disparu, quand on voit cela, c'est suffisant. Si c'est suffisant, c'est suffisant. Quand le soi s'effondre, on voit que c'est suffisant.
Dans cet effondrement du soi, on trouve l'amour inconditionnel, et cela c'est quelque chose que le mental ne peut rationaliser. Les mystiques décrivent cela comme le vide, mais ils le décrivent aussi en tant qu'amour inconditionnel. C'est tellement loin du mental.
Dans cet effondrement du soi; on voit que c'est vide.
Tout est un hologramme, un film, un rêve, un nuage qui traverse le ciel, un reflet sur l'eau.
Ces métaphores montrent que le monde n'a pas de substance.
C'est aussi plein d'amour, un amour inconditionnel, impersonnel, un amour qui n'a rien à voir avec vous ou moi en tant que personne.
Il n'y a pas de personne.
Cela semble être une personne, mais en fait c'est vide.
Et après, la vie continue."
Richard Sylvester
"De fait, la mécanique est simple. Mais elle est si subtile, et nous sommes tellement pris dans son énergie qu’en général nous ne la voyons pas : le vivant, l’énergie de vie que nous sommes émerge spontanément à chaque instant à travers notre forme. Et au même instant cette énergie libre se saisit elle-même et crée alors l’illusion d’appropriation, l’illusion que « je » suis l’agissant, que « je » suis celui qui opère, que j’ai un pouvoir sur la vie, et une volonté personnelle. Et ce faisant l’illusion d’identité personnelle et de séparation apparaissent. A partir de là, cette saisie se fait automatiquement à chaque émergence, et tout est récupéré pour nourrir ce « moi », et alimenter ce pouvoir de s’approprier le vivant pour en faire une affaire personnelle.
« Moi » est donc constitué par cette saisie de l’instant, cette saisie du vivant.
Et cette « identité » se crée à chaque instant, à chaque émergence. Mais cette identité est une apparence, car même ce « faussaire » qui se prend pour le propriétaire de notre vécu est tout autant la vie libre, mais qui se voile à elle-même. Car cette « personne » n’est qu’une idée mentale, une pensée, une perception, une impression.
Lorsque tout cela est vu, en réalité nous découvrons que ce qui est voilé ne l’a jamais été, que le sentiment même d’être une personne séparée est lui-même totalement impersonnel ou « non approprié », sans propriétaire.
Nous pouvons alors vivre des moments où le personnage revient, mais tout reste « impersonnel », car le mécanisme d’appropriation a cessé ou en grande partie cessé.
Le personnage revient mais l’évidence demeure.
Mais tant que cela n’est pas vu, que nous sommes pris dans la saisie au point de ne pouvoir la percevoir, la seule chose à envisager est d’apprendre à voir, à investiguer profondément ce que nous appelons « moi », et tous ces mécanismes et croyances qui alimentent cette idée d’un « moi ».
Voir ces appropriations, ces attachements même les plus fins fait parti du processus normal et naturel de maturation de l’être dans ce chemin de révélation à soi-même.
Dans cette saisie, la source « s’oublie », se perd dans l’illusion qu’elle a créé elle-même.
Et cette saisie est inévitable jusqu’à ce que l’on puisse en voir la racine la plus profonde.
Cette saisie est inévitable tant que persistent des peurs (voire des terreurs) de se rencontrer totalement, absolument.
Et là il n’y a aucune place au jugement : c’est bien la source qui joue elle-même ce jeu de se « détourner » pour créer un semblant d’identité personnelle.
Pourquoi me direz-vous ?
D’un certain point de vu « pour jouer » diront certains. « C’est le mystère » diront d’autres.
Mais quoi qu’il en soit la vie nous veut, elle nous désire.
Et tout l’inconfort créé par la saisie, la difficulté que nous pouvons ressentir à vivre à partir de cette fausse identité, nous oblige à creuser le sillon de la vérité.
Je rends grâce pour ma part à la magnifique maturité et à la sagesse que la difficulté du chemin creuse en nous."
Séverine Millet
https://www.laseve-et-lerien.com/lasaisie.html
Eric Baret
http://alavie-over-blog-com.over-blog.com/2018/12/la-vie-est-maintenant.html
Vous imposez des limites à votre véritable nature d'être infini, puis vous vous désolez de n'être qu'une créature limitée, ensuite vous mettez en œuvre des pratiques spirituelles pour transcender ces limites inexistantes. Mais si votre pratique même implique l'existence de ces limites, comment pourraient-elles vous permettre de les transcender ?
Ramana