"On a tous traversé des périodes de découragement. Après des années de sâdhanâ, de recherche, pour certains d'entre nous, allant d'ashrams en monastères, de Gourous en guides spirituels, de satsangs en questions sans réponses. Après des kilomètres de méditations, de répétitions de mantras, de macérations en prières, d'adoration à Dieu, à personne, à tout le monde. Après de longues périodes durant lesquelles on a mangé que du riz cuit, puis du riz cru, puis plus rien du tout. Puis n'importe quoi (quelle importance puisque tout est un rêve ?)... Après avoir ingurgité des tonnes d'ouvrages de religions, de spiritualité, de la vie des Saints, et autres réalisés, jusqu'au manuel d'illumination en dix leçons. Au bout de privation de toutes sortes, d'abstinence et autres violences qu'on inflige au corps pour atteindre l'inaccessible, (comme si donner des coups à sa voiture pourrait lui faire pousser des ailes pour nous conduire jusqu'au Ciel).... Il arrive enfin un moment où on capitule. On laisse tomber, c'est "hopeless", on est arrivé nulle part. On n'y arrivera jamais. A part quelques bliss, quelques gouttes d'Amour pur qui nous ont ensorcelé le coeur, quelques secondes d'Eternité qui nous ont suspendu dans cet Océan silencieux... On se retrouve désespérement encore là, emberlificoté par le personnage qui ne veut pas lâcher !
Et bien, c'est souvent là, arrivé au bout de nous-même qu'on se quitte.
Pendant quelques temps, il ne va plus rien se passer que le quotidien, et le jeu habituel dans les relations. Puis le Souffle de l'Amour parfait va se lever et tout emporter. Et on constate, souvent dans l'étonnement, que tout le personnage ne reposait sur presque plus rien. Toutes ces années de quête avait fini par l'user, l'éroder et le réduire à une ossature friable qui s'effondre et s'éparpille dans le grand vent joyeux de la Soi-conscience qui se respire enfin librement.
Il y a vraiment de l'émerveillement saupoudré d'éclats de rire : dans cette immensité dévoilée on ne peut que constater que tout a toujours été là. Tous ses efforts pour un devenir, alors que tout est déjà. On image ça comme quelque chose d'extraordinaire, et c'est l'ordinaire qui devient extra.
Tout est déjà. On l'a tellement dit n'est-ce-pas, et pourtant, vraiment : TOUT EST LA.
Ne pas croire que tout ce qu'on a fait n'a servi à rien. En fait tout a servi à nous amener à cette capitulation. Chacune de nos erreurs et de nos errences nous ont conduit à notre impuissance. Cette impuissance nous conduit à la décrispation, on finit pas s'abandonner à Ce Qui Est. On se laisse tomber dans l'instant.
Ce n'est pas ailleurs qu'ici, dans cette ténacité silencieuse et aimante qui attend qu'on en ait fini avec notre agitation bruyante.
On est arrivé nulle part ? Et bien restons-y, c'est de là que tout se déploie !
Avec joie,"
Domiji
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