« C’est pourquoi je vous dis :Soyez en harmonie… »
Être en harmonie, c’est être en relation consciente et aimante avec ce qui est, sans vouloir ni désirs particuliers, qui introduiraient une fixation sur une partie de cette totalité fluide qui nous entoure. L’harmonie suppose un rapport « musical » au monde, une mise en résonance, un accord.
S’accorder au monde est un lent travail d’ajustement qui suppose une qualité d’Ecoute, une attention de tout l’être qui n’est pas banale…
…L’Enseigneur semble nous dire que c’est à nous de nous accorder avec l’environnement tel qui nous est donné, de nous accorder même avec notre adversaire avant qu’il ne soit trop tard …
…Il ira même plus loin en demandant à Ses disciples d’aimer leurs ennemis, de « s’harmoniser » avec eux afin de « devenir parfait comme le Père céleste est parfait » ou « miséricordieux comme le Père est miséricordieux »…
…Les hommes ne s’accordent pas aussi facilement entre eux que les violons, c’est sans doute, comme le rappelle l’Enseigneur, que leurs corps et leurs cordes sont « déréglés ».
Avant de vouloir s’harmoniser au monde et aux autres, sans doute faut-il être d’abord en harmonie avec soi-même.
Un instrument déréglé, comment pourrait-il s’harmoniser avec un autre instrument, lui-même en plus ou moins bon état ?
Prendre soin de son instrument, harmoniser en nous la tête, le corps et le cœur, c’est la première condition pour que l’harmonie soit possible ; s’il n’y a pas de paix à l’intérieur des hommes comment y en aurait-il à l’extérieur ?...
…L’harmonie peut advenir lorsque les contraires se découvrent tout à coup complémentaires, les discordances elles-mêmes sont à intégrer dans une plus haute partition où l’œuvre de chacun, enfin reconnue, collabore au bien-être du Tout…
J-Y Leloup
L’Evangile de Marie Myriam de Magdala, Editions Albin Michel, 1997