« Un homme avait peur de l'ombre de son corps et avait pris en horreur les traces de ses pas. Pour y échapper, il se mit à courir. Or, plus il fit de pas, plus il laissa des traces, plus il courut vite, moins son ombre le quitta.
S'imaginant qu'il allait encore trop lentement, il ne cessa de courir toujours plus vite, sans se reposer. A bout de forces, il mourut.
Il ne savait pas que pour arrêter ses traces, il lui aurait suffi de se tenir tranquille.
Quel comble de sottise ! Vous ressemblez à cet homme, avec toutes ses recherches sur la bonté et la justice, vos distinctions entre l'identique et le différent, vos considérations sur les changements d'activité et de passivité, d'ordonner les sentiments d'amour et de haine, votre tempérance qui tend à harmoniser le plaisir et la colère. »
Tchouang Tseu